Lancer et monétiser un projet sur les réseaux sociaux n’est pas une mince affaire. Alors, pour vous guider, on a rencontré Léa Lejeune, journaliste et cofondatrice de Plan Cash, le média féministe qui parle de thune !
Léa partage dans cet article les coulisses de la création d’une plateforme de marque ultra singulière. Elle révèle aussi les leviers de monétisation de la communauté utilisés par Plan Cash… Ainsi que les secrets de son succès fulgurant.
Intéressée par l’industrie de la tech et l’intégration des femmes dans le monde de l’entreprise, Léa Lejeune démarre sa carrière dans le journalisme. Après un passage chez Libération, elle intègre la rédaction de Challenges, mais fait rapidement face à un problème… Celui de la perte de sens dans son métier. Léa réalise en effet que l’angle très libéral du magazine ne lui correspond plus.
Elle cofonde alors l’association Prenons La Une, qui défend l’égalité professionnelle et milite contre la sous-représentation des femmes journalistes. Mais Léa veut aller plus loin en créant son propre média. Ce sera Plan Cash, avec lequel elle s’adresse aux jeunes femmes (à commencer par ses copines qui ne lisaient jamais Challenges) pour leur parler d’argent et d’investissement, mais avec un angle féministe et écolo.
Quand on traite d’investissement à destination d’un public féminin, la meilleure stratégie au démarrage est de lancer un média gratuit. Léa disposant de peu de moyens, elle opte pour la newsletter, tout en sachant qu’elle doit rapidement trouver un modèle économique fiable. C’est d’autant plus important que les médias ont de plus en plus de difficultés à monétiser chaque projet et à fidéliser leur audience.
Elle lorgne donc du côté des Etats-Unis et s’intéresse notamment aux influenceurs et aux médias dédiés à la finance qui se rémunèrent via la formation. En attendant de lancer ses propres cours, Léa fait grossir sa newsletter et sa communauté Instagram (@plancash_media). Elle rencontre ensuite Morgane Dion, très active dans le secteur des startups et de la RSE, avec laquelle elle partage des valeurs fortes.
À plus de 50K abonnés sur son compte Insta, Plan Cash saute le pas et sort ses premières formations en ligne. Les prix (entre 29 et 39 euros) permettent de toucher un public le plus large possible. Résultat : en moins de 8 mois, Plan Cash a formé plus de 1 500 femmes… et ce n’est qu’un début !
Pour s’assurer d’avoir des bases solides et continuer de se développer, Léa réfléchit également à diversifier ses sources de revenu. Elle accepte notamment les partenariats avec certaines entreprises, particulièrement intéressée par son audience ultra qualifiée de jeunes actives entre 28 et 45 ans. Plan Cash propose aussi ses propres outils pour faciliter la gestion de son argent.
Bref : chaque canal exploré est éditorialisé, monétisé et amène une brique de valeur différente à son audience.
Pour engager son audience et la fidéliser, Plan Cash multiplie les petits formats qui permettent de donner des rendez-vous à la communauté. Léa mise notamment sur :
Dans tout ce qu’elle entreprend, Léa veille surtout à favoriser le lien, en ligne comme hors ligne, avec sa communauté. Même sans Community Builder, elle répond à tous les messages et crée un réel rapport de confiance durant les évènements.
Elle évite aussi la starification et la distance qui peut se créer entre créateurs de contenu (mais aussi journalistes) et leurs abonnés. Pour cela, Léa joue sur la transparence en affichant clairement les sponsors et garde bien chevillée au corps ses pratiques de journaliste.
Pour se démarquer sur des réseaux sociaux de plus en plus saturés, Léa nous conseille de :
Il faut aussi accepter de ne pas plaire à tout le monde et écouter (mais avec parcimonie) les retours de sa communauté. Certaines des lectrices de Plan Cash ne sont par exemple pas très fans des Reels. Léa n’est pas pourtant sûre de vouloir abandonner (mais plutôt adapter) son format qui permet de créer de la proximité et du storytelling.
Avec Plan Cash, Léa s’est aussi posé la question de la matérialisation et de la transmission de ses valeurs féministes et écologiques. Là encore, il faut accepter de ne pas plaire à tout le monde. Ses positions sur la revalorisation des salaires ou contre la réforme de la retraite peuvent en effet déplaire et faire fuir certains annonceurs ou abonnés.
Mais pour rester cohérente avec sa stratégie éditoriale, Léa s’impose d’être la plus représentative et inclusive possible. En alternant les profils de manière systématique, elle évite de reproduire les mêmes images que la presse traditionnelle.
Le piège dans lequel elle ne doit pas tomber est celui du “-washing”. On connait déjà le greenwashing, mais le féminisme washing est lui aussi une pratique de plus en plus courante. Les entreprises et les médias sont en effet tentés d’instrumentaliser ses valeurs pour attirer une audience plus large. Ainsi, on a récemment pu voir McDonald’s renverser son M pour le transformer en W de Women alors que l’enseigne est la plus poursuivie au monde pour ses pratiques sexistes.
Mais le contre exemple, c’est L’Oréal. Si l’entreprise tombe dans les travers des grandes marques capitalistes, elle ne fait pas pour autant de washing. En effet, sa fondation est l’une des 3 ONG à donner le plus de fonds pour l’égalité homme/femme.
Pour ne pas tomber dans ce piège, Léa choisit minutieusement ses annonceurs en s’assurant qu’ils sont sincères dans leurs engagements et en leur imposant des valeurs non négociables.
Aux entreprises qui ont des scrupules à s’engager par peur du bad buzz, Léa partage 4 conseils :
💡 Ce qu’il faut retenir : on adore les conseils de Léa pour décoller sur Insta et monétiser un projet. Mettez le paquet sur le lien avec votre audience en répondant à tous les messages et en incarnant la marque comme le fait Lea. Mais pensez aussi à nouer des partenariats avec d’autres créateurs et d’autres marques qui s’adressent à des audiences similaires à la vôtre en faisant du cross posting. L’union fait la force, et Plan cash est un excellent exemple de la réalité de cette expression.
Sources mentionnées dans l’épisode de podcast :
– Jean-Marie Charon et Adénorat Pigeloat, Hier journalistes : Ils ont quitté la profession, Entremises Editions, 2021.
– Féminisme washing : quand les entreprises récupèrent la cause des femmes, Léa Lejeune, Seuil 2021.
– L’association « Prenons la Une », pour l’égalité hommes-femmes dans les médias.