#90 – Cultiver son muscle de l’utopie : le voyage en 2030 Glorieuses

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Dans cet épisode de The Storyline, je vous embarque dans un voyage vers le futur. Et plus précisément en 2030, avec Julien Vidal et Arthur Lanter, qui imaginent ensemble des utopies à travers le projet 2030 Glorieuses, un atelier pour penser des futurs joyeux. 

 

Après une première vie professionnelle dans le monde des ONG pour l’un, et de la création puis de la tech (et en particulier l’IA) pour l’autre, Julien et Arthur ont décidé de s’associer pour partager des outils concrets à destination de celles et ceux qui veulent imaginer une société où la réussite n’aurait pas le visage d’Elon Musk (ou de la surconsommation). 

 

Ensemble, on a discuté de la genèse du projet, de l’impact profond du marketing sur nos modes de consommation et des représentations en vigueur dans la société. On s’est aussi penchés sur les leviers que les marketeux et le communicants peuvent activer pour embarquer leurs entreprises en communiquant de manière plus responsable et transparente. 

 

Déployer une communauté et des outils pour écrire un futur plus optimiste 

 

Lorsqu’Arthur le rencontre après plusieurs années de vie professionnelle, Julien est déjà porteur d’un projet pour l’avenir. Il a fédéré une belle communauté sur les réseaux sociaux : “Ça commence par moi”. Le collectif a pour principal mission de donner des leviers d’action aux citoyens qui veulent changer le monde, en commençant par changer leur rapport au monde, aux autres, et à eux-mêmes. 

 

Des nombreuses questions qui ont émergé au sein de cette communauté, Julien a tiré un podcast, 2030 Glorieuses, dans lequel il rencontre des hommes et femmes engagés. Mais il réalise rapidement que ses invités ont un point commun : ils peinent tous à se projeter dans l’avenir. D’où son envie de créer des ateliers coopératifs pour libérer les imaginaires et reprendre le pouvoir sur ses utopies. 

 

Concrètement, cela se traduit par la création de ‘kits’, traduits en plusieurs langues (notamment via une campagne de crowdfunding). Mais aussi, d’une formation pour former des guides de voyage vers les 2030 Glorieuses. Ces derniers deviennent ainsi les facilitateurs et les leviers de diffusion de la méthodologie et des utopies positives !

 

Progressivement, Arthur rejoint Julien dans l’aventure, en lui donnant des conseils pour améliorer son parcours utilisateur. Le tout dans une démarche de croissance douce, un peu dans la veine de Philippe Borrel et de son motto “l’urgence de ralentir”

 

Un voyage vers les 2030 Glorieuses 

 

Concrètement, les ateliers 2030 Glorieuses permettent donc aux participants d’embarquer dans un voyage vers le futur. Un voyage au plus profond de soi, mais aussi vers les autres. Le but ? Cultiver la richesse de nos altérités à travers des visions optimistes de nos futurs. Et donc, sortir d’une confrontation permanente en passant du très français “oui, mais”, au “et si”. 

 

À travers ce voyage, qui passe par différentes étapes (à la fois introspectives, via de la méditation, mais aussi imaginatives, à travers des débats), les participants se questionnent sur ce qui fait sens pour eux. Et ils écrivent le récit qu’ils se racontent à eux-mêmes et aux autres pour avancer vers un futur à l’échelle individuelle puis sociétale. 

 

Pensé pour un minimum de 6 personnes, ce voyage peut, en théorie, embarquer un nombre illimité de participants. Il se fait de façon très autonome, avec l’unique guidance d’un facilitateur qui crée les conditions, pendant 2h30, d’un débat politique positif et non conflictuel. 

 

Renouveler les imaginaires sur le monde du travail 

 

À travers ce voyage en 2030 Glorieuses, les participants sont aussi amenés à se questionner sur la manière dont l’entreprise parle du monde actuel et participe à façonner le futur. Pour Julien et Arthur, le problème du monde du travail actuel a deux visages : 

 

  • Celui des ressources humaines. Aujourd’hui, les entreprises pressent la force et la créativité humaine pour en tirer des bénéfices, sans toujours se soucier du réel bien être et épanouissement de ses collaborateurs ;
  • Celui de la croissance infinie, qui se résume à des chiffres vides de sens. La croissance, selon Julien et Arthur, ne dit rien de la QVT (Qualité de Vie au Travail). Ou encore, l’impact des articles et services produits sur la vie des clients. Ni même de la connexion que crée l’entreprise avec son réseau territorial et ses partenaires. 

 

Or aujourd’hui, les nouvelles générations se posent de plus en plus la question de sortir de ce rôle de ressource exploitable, de sortir d’un système qui les fait aller droit dans le mur.  De la sortie des bullshit jobs en passant par le quiet quitting, nous sommes de plus en plus nombreux à nous rendre compte de l’importance de notre singularité, et de la possibilité de la mettre au service d’un futur plus désirable. 

 

Petit à petit, l’entreprise reprend donc sa juste place : contribuer à la société, et non l’inverse. À travers les 2030 Glorieuses, Julien et Arthur dédient une partie de leur voyage à ces nouvelles abondances et modèles. 

 

De la même manière que les entreprises qui n’ont pas pris le tournant du numérique il y a 20 ans sont presque aujourd’hui tombées en désuétude, l’enjeu aujourd’hui est le sens au travail. Les entreprises qui ne se questionnent pas sur leur impact risquent elles aussi de passer à côté de quelque chose. Celles qui contribuent à la métamorphose sociétale se démarqueront selon Julien et Arthur de leurs concurrents.

 

Se mettre au service de futurs optimistes : un acte de foi

 

Pour participer à cette métamorphose sociétale, notamment au niveau individuel, plusieurs stratégies s’offrent aux individus comme aux entreprises : 

 

  • Faire avec (c’est à dire impulser un changement de l’intérieur); 
  • Faire à côté (en proposant des alternatifs aux modèles dominants) ; 
  • Et faire contre (via la rébellion ou la désobéissance civile). 

 

Néanmoins, et quelle que soit la stratégie choisie, pour Julien et Arthur, chacun est toujours libre de se lancer. Cela demande un acte de foi, et c’est parfois plus compliqué d’oser, mais il est beaucoup plus difficile pour eux de continuer d’avaler des couleuvres (en restant dans une société qui refuse de changer). 

 

Leur conseil : s’écouter. Et lorsque l’on est pas aligné avec les valeurs défendues par son entreprise, chercher d’autres solutions. D’autant plus qu’elles sont nombreuses aujourd’hui, à travers des outils comme les 2030 Glorieuses, mais aussi la fresque du climat, l’atelier 2 tonnes ou encore la fresque des nouveaux récits

 

En entreprise, cette prise de conscience passe souvent par le rôle très stratégique du marketeux. En effet, c’est lui qui alimente le récit que raconte l’organisation, et entérine sa participation à l’économie d’hier (ou celle de demain). Plutôt que de chercher à être parfait ou à conditionner son changement à l’atteinte d’un palier fictif, Julien et Arthur conseillent à chacun d’introduire un peu plus de vérité dans le marketing – à la hauteur de ses moyens d’action. 

 

Cela passe notamment par le fait de communiquer de façon plus transparente sur le chemin à emprunter pour faire mieux. Se montrer humble et reconnaître les limites de son propre modèle. Et surtout, les entreprises doivent comprendre que pour se diriger vers un futur optimiste, elles doivent être conscientes de leur interdépendance et agir collectivement avec les autres acteurs de leur écosystème (en commençant par leur communauté, qui les pousse généralement dans la bonne direction).  

 

Se défaire de la dépendance aux réseaux sociaux 

 

Le hic, c’est que les plateformes sur lesquelles nous communiquons ne nous encouragent pas vraiment à adopter un discours complexe. Au contraire, les algorithmes nous poussent plutôt à suivre les normes. En continuant de partager sur ces plateformes, on se rend quelque part complice de cette dynamique. Même éthique, le marketing continue d’alimenter les algorithmes et poussent les utilisateurs à rester connectés sur les réseaux sociaux. 

 

Julien et Arthur nous invitent à nous défaire de cette dépendance nocive, notamment en créant des médias propriétaires. Depuis Cambridge Analytica, l’écologie est considérée comme un sujet politique et beaucoup moins mis en avant par les réseaux. Alors, pour parer la baisse de son reach sur Facebook, Julien a créé sa propre communauté ! CQFD.

 

C’est ce que font d’autres comme C’est qui le Patron ou Loom, en accompagnant leurs communautés de clients. Ces marques n’ont désormais plus besoin des réseaux sociaux pour communiquer, et font de ces communautés des ambassadeurs ultra engagés. Pour cela, la clé est de partager un contenu instructif. Mais aussi, de se montrer transparents sur les limites actuelles de l’organisation plutôt que de masquer ses faiblesses ! 

 

Quels leviers de croissance responsable pour 2030 ?

 

Dans une optique de porter leur message toujours plus loin tout en respectant leur éthique de croissance douce, Julien et Arthur misent sur des leviers de développement les plus responsables possibles. Le bouche à oreille et un message optimiste leur permettent par exemple de se reposer largement sur l’inbound marketing. Ce sont les entreprises qui viennent à eux pour organiser les ateliers, qui se transforment en leviers de diffusion.

 

Les 2030 Glorieuses s’appuient également sur la communauté comme levier de croissance. Julien et Arthur forment ainsi des guides au voyage qui vont activer leur propre réseau et se transforment en ambassadeurs. C’est également la communauté qui a pris l’initiative de traduire le guide en anglais, favorisant une croissance organique et raisonnée. 

 

Dans les deux cas, cette croissance s’appuie sur un objectif commun : que demain soit mieux qu’aujourd’hui. Pour parvenir à cet objectif et regarder l’avenir avec gourmandise, 2030 Glorieuses est même disponible en licence libre. Tout le monde peut donc s’en emparer pour qu’à terme, arrivés en 2030, il ne nous reste plus qu’à profiter de nos utopies devenues réalités…

 

Le point de vue de Julien et Arthur est certes radical, mais plein de bon sens et plutôt enthousiasmant. Il y a beaucoup de belles choses à retenir de leurs témoignages, mais je voulais amener votre attention sur les notions de transparence et d’honnêteté dans la démarche de communication. C’est à mon sens une condition sine qua none pour les entreprises qui veulent créer des communautés et embarquer avec elles des écosystèmes qui soutiendront leur développement.

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