Direction l’univers de l’influence éthique et green avec Claire Pétreault, créatrice des Pépites Vertes, un média et une communauté qui met en lumière les jeunes talents de la transition écologique.
Celle qui se surnomme elle-même l’éclair est arrivée à Paris de sa Saone et Loire natale il y a 10 ans. Après un master en communication et média, elle veut se réaliser dans le milieu startup. Et ce, avec une tendance à l’économie circulaire et l’agriculture. Après une première expérience chez Change Now, Claire a eu envie de raconter les histoires de personnes qui portent le changement écologique. Mais aussi, d’outiller toute la nouvelle génération pour s’épanouir dans les métiers de la transition, avec l’initiative des Pépites Vertes.
Au micro du podcast The Storyline, Claire définit la notion de marketing d’influence responsable sur les réseaux sociaux. Et ce, notamment à travers les stratégies de personal branding sur les réseaux sociaux. Claire partage aussi son expérience de la création de communauté et les leviers d’engagement qu’elle a découverts en créant la sienne…
C’est à la sortie du confinement que Claire décide de lancer les Pépites Vertes. Elle réalise que la situation est compliquée pour les jeunes. En termes d’emploi, ils ne savent souvent pas dans quelle direction aller. Sa mission est donc de documenter les options qui existent et de créer de la proximité entre les étudiants en quête de sens et des mentors qui ont de l’expérience.
En plus de son média qui se fait une caisse de résonance de parcours inspirants, Claire crée une formation d’accompagnement. Les Pépites Vertes a donc son propre incubateur. Ce dernier offre des outils et un soutien à celles et ceux qui se lancent dans ces nouveaux métiers.
Depuis sa création, la Pépite Academy a accompagné 2 promotions de 200 talents au total. Claire en a récemment changé le format pour adopter un cursus plus court (de 10 à 4 mois) et réduire les effectifs (de 100 à 50 pépites). Ces changements lui permettent de trouver un meilleur équilibre entre le temps long nécessaire à la transmission de connaissance et la volonté de maximiser l’engagement, tout en évitant l’essoufflement des talents.
Claire se concentre également sur leur sélection en gardant à cœur de varier les profils et les secteurs d’impact. Elle confie ainsi s’appuyer largement sur sa stratégie d’influence éthique pour se faire connaître. Et ainsi, pour recruter ses jeunes talents !
Claire a mis beaucoup de temps à apprivoiser la notion d’influence éthique. Mais à mesure que sa communauté grandit, gagnant en visibilité, Claire a fini par se qualifier d’influenceuse. D’autant plus que l’influence n’est pas forcément une mauvaise chose, si tant est qu’elle reste dans un cadre éthique. Cela veut aussi dire avoir de l’impact et dévier les trajectoires grâce à son contenu. C’est donc un vrai métier, potentiellement vertueux selon elle.
Le secteur de l’influence et plus généralement, l’économie des créateurs est en effet en train de se structurer. Comme l’explique Claire, on passe d’une connotation négative à cause des dérives de certains créateurs mal intentionnés à des pratiques porteuses de changement et d’espoir. Claire est persuadée que les influenceurs peuvent nouer des partenariats vertueux avec les entreprises et créer un contenu qualitatif et éthique. Elle a d’ailleurs passé la formation d’influence responsable de l’ARPP à la demande d’un de ses partenaires, la Banque Postale.
Mais au-delà d’éduquer les créateurs, il est aussi important d’éduquer les audiences. Plutôt que d’être dans une position moralisatrice, Claire s’évertue à poser des questions complexes et à sensibiliser sa communauté sur l’importance de la transition, mais aussi sur celles des partenariats rémunérés. Encore mal vus dans l’univers de l’écologie, ils sont pourtant indispensables pour financer des initiatives qui ne rapportent pas d’argent.
Claire observe aussi que ces dernières années, il devient de plus en plus difficile de parler d’écologie. Pour de nombreux entrepreneurs et influenceurs, c’est devenue une pente glissante sur laquelle on peut facilement être accusé de greenwashing. Beaucoup ont peur de s’emparer de ce sujet car il est facile de se prendre un revers de bâton si l’on est pas vertueux à 100 % (ce qui est virtuellement impossible).
Pendant l’interview, Claire revient sur la définition du Greenwashing donnée par l’Ademe. Cette dernière est une pratique du marketing responsable, qui consiste à mettre en lumière des actions vertueuses, certes, mais minimes au regard de la globalité d’une entreprise. Elle clarifie ensuite les choses : lorsqu’il s’agit de présenter une ligne directrice et des engagements associés à des actions concrètes, on est pas dans le greenwashing.
Certains créateurs et marques ont cependant abusé des communications vertueuses ces dernières années. Résultat : aujourd’hui, les audiences ne savent plus qui croire. Mais il ne faut pas pour autant mettre ce sujet sous embargo ! Curieuse du complexe et de la transformation, pragmatique dans son analyse du monde économique, Claire opte pour la co-création de contenu (ou UGC) avec des marques qui la laissent poser des questions et qui se laissent challenger sur leurs pratiques écologiques. Cette approche lui permet d’accompagner les entreprises et de les aider à être plus humbles, plus « réalistes » dans leur approche.
Dans sa communication à destination des talents, Claire adopte d’ailleurs elle aussi un marketing plus réaliste. Elle raconte les marques et leurs projets de transformation, comme La Banque Postale, dont elle a interviewé le Président. Dans son contenu, les Pépites Vertes met donc en avant de vraies personnes, permettant ainsi aux talents de demain de se projeter dans le monde de l’entreprise.
Ils peuvent ainsi répondre à leur envie de faire bouger les choses et d’avoir de l’impact, tout en ayant conscience des limites des grandes entreprises. Certes, ces dernières n’offrent pas les mêmes expériences que les startups, plus agiles et créatives. Mais elles ont aussi un impact à plus grande échelle (ce qui n’est pas négligeable) !
En ce qui concerne son approche de l’influence éthique, si elle n’a pas formalisé une stratégie éditoriale avant de se lancer sur LinkedIn, Claire est très à l’écoute de ce qui y marche – mais aussi de ce qui ne marche pas. Elle a pris le temps d’étudier l’algorithme de la plateforme pour trouver le bon timing et rythme de publication.
Au fur et à mesure de ses posts, elle identifie ce qui fonctionne et lui permet de se différencier. Sa recette : miser sur le storytelling de marque (son audience apprécie quand elle raconte des tranches de vie). Mais aussi, sur le partage d’insights sur son marché ! La règle d’or reste pour elle d’être passionnée et de transmettre cette passion. Si on doit se forcer pour écrire ses posts, ça ne marchera pas.
Finalement, il n’y a pas vraiment de recette miracle ou de hacks automatiques pour faire grandir son nombre de followers. Mais Claire nous invite à réfléchir à la valeur que l’on apporte à sa communauté. Et surtout, à ne pas baisser les bras parce que nos derniers posts n’ont pas marché. Pour elle, il faut se foirer et tester différentes choses jusqu’à ce que la sauce prenne.
C’est avec Amélie Deloche que Claire a créé une charte de la post-influence. Elle la fait désormais signer à ses partenaires pour formaliser leur engagement mutuel. Un changement intéressant du rapport de force, qui montre que les influenceurs peuvent imposer des conditions éthiques à leurs partenariats !
Pour Claire, l’enjeu est de montrer que cela ne va pas à l’encontre des intérêts de l’entreprise, bien au contraire. Cet engagement est porteur de performance puisqu’il montre une réelle volonté d’apporter de la valeur et de favoriser le changement.
Pour s’assurer que son contenu et ses partenariats s’inscrivent dans une démarche d’influence éthique, il faut selon Claire :
Aujourd’hui, Claire est à la tête d’une belle communauté de plusieurs centaines de pépites passées par le programme. Mais aussi, d’une audience élargie de 25K personnes dans laquelle elle englobe les personnes qui l’inspirent, ses partenaires, clients, etc. Elle réfléchit donc en termes de communauté (petite mais soudée) et d’audience (plus large, pour appuyer son objectif de leadership et d’impact).
Pour l’animer, elle peut compter sur une personne dédiée, qui s’appuie elle aussi sur les nombreuses initiatives des pépites. Côté engagement, il est également beaucoup plus facile de fédérer et animer sa communauté autour d’une cause qui dépasse tout le monde. Pour Claire, tout est avant tout une question d’émotion. Lorsque l’on se positionne sur des émotions fortes comme l’espoir, la peur et la colère, et que l’on trouve des personnes qui les partagent avec nous, c’est un facteur liant extrêmement fort !
On adore la posture « no bullshit » de Claire, sa posture et sa volonté de challenger avec sincérité les stratégies et le positionnement des marques, sans pour autant les faire culpabiliser. Sa définition de l’influence éthique est très intéressante et finalement, elle rejoint celle de nombreux marketeux responsables d’aujourd’hui.
Pour communiquer, il faut être conscient que l’on est imparfait, l’assumer et partager son cheminement avec son audience. Un sacré programme, qu’on vous souhaite de réussir vous aussi !