#30 – Mettre ses contenus au service de son engagement

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Aujourd’hui, The Storyline part à la rencontre d’Alexandre Galatioto, le créateur de la bande dessinée Le Monde Brûle, une création hybride, publiée exclusivement sur Instagram, et suivie par plus de 23,000 personnes. Ses dessins distraient, mais posent aussi des questions fortes sur l’avenir de notre société, et les décisions que nous prenons au quotidien.

 

Alexandre m’a tout de suite interpellée par sa manière d’utiliser ses dessins et les personnages de sa BD pour véhiculer des idées et un engagement fort. Nous avons profité de cet épisode pour discuter de la genèse du projet Le Monde Brûle, son approche du storytelling engagé ainsi que la constitution de sa communauté.

 

De l’agence à la création : le parcours d’Alexandre

(de 1:29 à 3:49)

 

Alexandre Galatioto est directeur artistique depuis près de dix ans. 

 

Au fil des années et de ses jobs en agence, il a l’occasion de collaborer avec d’autres créatifs sur plusieurs side projects, notamment liés au dessin et à l’écriture scénarisée. Ces expériences lui donnent envie d’aller plus loin, et de se lancer avec sa propre bande dessinée. C’est le début de l’aventure Le Monde Brûle : une BD engagée, publiée exclusivement sur Instagram. 

 

Aujourd’hui, Alexandre a créé et publié trois histoires complètes. Il a aussi pris pour habitude de créer des pastilles politiques (sous forme de Stories), afin d’ouvrir le débat avec son audience, sur les sujets abordés dans ses contenus.

 

Comment se lancer et surmonter le doute de soi ? 

(de 4:00 à 7:00)

 

Alexandre a, comme il l’explique dans l’épisode, travaillé longtemps en agence, ce qui lui a permis de rencontrer d’autres créatifs avec qui il a monté des projets créatifs, divers et variés.

 

Cette collaboration est souvent à l’origine d’un élan créatif. Comme il le précise,  “il y a toujours une personne qui est plus courageuse que les autres, qui lance le projet. Un acte fondateur où tu commences à proposer quelque chose, voir si ça fonctionne ou pas… Et petit à petit, tu deviens un créateur à part entière. Tu n’es plus seulement là pour consommer du contenu, tu passes à l’étape où c’est toi qui le produis.

 

Ses premiers projets s’adressent principalement à l’interne : ils sont vus et consommés par des collègues. Dans ses créations, Alexandre se moque gentiment des débordements des agences, et des petits couacs du quotidien. Ce passe-temps en marge de ses activités de Directeur Artistique lui permet d’acquérir des compétences d’écriture et de dessin. Une première étape qui lui met le pied à l’étrier ! Et qui lui offre la possibilité d’exprimer son monde intérieur.

 

Véhiculer ses idées grâce au dessin et aux réseaux sociaux 

(de 7:10 à 11:00)

 

Cette envie de partager ses convictions et son monde intérieur, c’est ce qui a conduit à la création de l’histoire de Gilles et J-M. Des personnages loufoques, évoluant dans une société dystopique, et en charge de développer une application mobile qui aiderait les pauvres à ne plus s’ennuyer.

 

À chaque épisode, Alexandre porte un regard critique sur notre société moderne, et ouvre un questionnement sur l’impact de nos actions sur le monde, sur les autres et sur nous-mêmes.

 

Du côté de l’audience, Le Monde Brûle est suivi par environ 25 000 personnes sur Instagram. Chacune des 3 histoires créées par Alexandre sur les dernières années est composée d’une soixantaine d’épisodes.

 

Pour ce qui est des stories, Alexandre introduit à travers ses dessins des thèmes plus politiques et philosophiques. Il essaie ainsi d’ouvrir plus directement le débat avec son audience. 

 

Comme il le résume dans l’interview “Je suis toujours à la recherche de nouveaux formats, il y a beaucoup d’expérimentations à faire pour trouver ce qui n’existe pas encore. Ce que j’aimerais faire, c’est quelque chose qui regroupe à la fois un débat avec plusieurs voix qui s’expriment, mais le faire dans un univers à la fois esthétique et cohérent.” 

 

Créer son propre univers créatif 

(de 11:30 à 14:40)

 

À ses débuts, le processus créatif d’Alexandre était principalement de l’improvisation en termes de création, mais aussi de publications, comme il l’avoue dans l’épisode ! Mais, en voyant l’engouement autour de ses réalisations, il décide d’adopter une posture plus “professionnelle” et rigoureuse. Il commence par définir de véritables blocs de travail dédiés, à planifier ses publications, à mesurer son temps d’écriture…

 

Alexandre nous explique que dans son quotidien, un conflit intérieur l’anime sur certains sujets. Le Monde Brûle est pour lui une manière d’explorer, d’essayer de comprendre tous les points de vue possibles sur ces sujets. 

 

C’est pour matérialiser ses idées et débuter une conversation avec son audience, qu’il va mettre chacun de ses personnages face à des choix (éthiques, moraux…). Dans un second temps, son audience, interpellée par les choix présentés à travers la bande dessinée,  réagit dans les commentaires, puis une discussion s’ouvre.

 

“Mon but, n’est pas de donner une réponse dogmatique ou une réponse toute faite aux grandes questions sociales et sociétales. J’ai envie qu’on réfléchisse ensemble de manière horizontale, c’est ce que je défends avec Le Monde Brûle : ne pas imposer de raisonnement, chacun est libre de penser ce qu’il veut.”

 

Planter des graines de réflexion grâce au contenu et à l’art 

(de 14:40 à 17:25)

 

Quand on écrit une histoire, le plus difficile peut être de poser des questions à son audience de manière subtile ou naturelle. Pour y arriver, Alexandre utilise le storytelling, en faisant naître des idées, et en suscitant des questionnements par le biais de l’histoire et de la mise en scène de personnages auxquels son audience s’identifie.

 

C’est de cette façon qu’il a procédé dans sa première histoire créée via Le Monde Brûle [! Attention, spoiler !]

 

On plante le décor : un univers intellectuellement prisonnier, plusieurs classes de populations, dont nos deux personnages Gilles et J-M bloqués dans le système.

Un élément déclencheur fait que l’un de nos deux héros veut retrouver sa liberté, tandis que l’autre n’est pas prêt à en payer le prix et préfère rester dans son monde. 

Un choix se présente à eux : se séparer ou rester ensemble.

 

Le questionnement s’impose de lui-même au spectateur, qui s’identifie aux personnages, et aux choix éthiques, philosophiques et moraux associés à cette situation.

 

Pour arriver à l’interpeller et la faire réfléchir, il faut bien connaître son audience, savoir quelles questions la fera réagir, celles qui vont déclencher une réponse émotionnelle. Au-delà du dessin et de la créativité, Alexandre est ainsi dans une logique de communication et de dialogue permanent avec son audience.

 

Construire une audience engagée sur Instagram ? 

(de 17:45 à 21:00)

 

À ses débuts, Alexandre a fait le choix d’investir de l’argent pour trouver une base qualifiée et de se démarquer dans le domaine encore inconnu de la BD sur Instagram. Pour sortir de l’anonymat, il n’hésite donc pas à investir dans la publicité sponsorisée. 

Au bout d’un an, une fois sa première base communautaire construite, il arrête d’utiliser l’outbound marketing, pour garder le noyau le plus réactif et engagé de son audience. En parallèle, le bouche-à-oreille a commencé à faire son effet, ce qui lui vaut une couverture médiatique et fait grandir sa communauté de manière organique. 

 

Outbound marketing VS inbound marketing 

(de 21:10 à 23:40)

 

Alexandre a donc commencé l’aventure Le Monde Brûle en faisant de la promotion, ce qui lui a permis d’aller trouver les utilisateurs d’Instagram partageant ses centres d’intérêt. 

 

Cette approche dite d’“Outbound marketing” (aller chercher ses clients par le biais du sponsoring) lui a au début permis de mieux connaître sa cible : des jeunes de 18 à 24 ans résidant en France. Il a aussi pu identifier certains mots-clés susceptibles de les intéresser.

 

Depuis son arrêt des publicités sponsorisées, il a choisi une nouvelle approche : créer en fonction des sujets qu’apprécient les lecteurs, ceux sur lesquels ils réagissent particulièrement. Une approche qui remet les interactions avec la communauté au cœur du processus créatif. 

 

“Pour être honnête, je suis parti des gens pour faire une histoire qui les intéresse. Je n’aurais pas imaginé que ce soit ce résultat mais au final, je suis en accord avec les personnes pour qui je crée et mes valeurs.” Explique Alexandre.

 

Une stratégie qui fait sens, car une vraie relation est ainsi créée avec les lecteurs qui se retrouvent dans le contenu proposé. Dans le cheminement d’Alexandre, on retrouve ainsi la bonne pratique du marketing d’écouter son persona

 

À tel point qu’on peut aisément faire un parallèle avec les marques ! Celles qui embarquent le consommateur dans leur univers, interagissent avec leurs cibles, s’adaptent aux besoins de leurs audiences…

 

Comment maintenir l’engagement de son audience sur Instagram ?

(de 23:46 à 26:05)

 

Grâce à une écoute permanente des retours de ses lecteurs, Alexandre réussit à engager sa communauté dans de nombreux débats. Sentant que sa voix et ses idées sont un peu étouffées dans la deuxième histoire, il décide de créer un contenu différent en Story. Une façon pour lui d’interagir plus directement avec ses lecteurs.

 

La pastille politique est une discussion entre 3 personnages qui ouvre un débat, comme par exemple la liberté d’expression. Chacun donne son avis, et grâce à cet échange, la discussion commence entre l’auteur et les lecteurs.

 

Quel avenir pour Le Monde Brûle ?

(de 26:06 à 28:10)

 

Quand on lui demande quels sont ses plans pour l’avenir de ses créations, Alexandre répond du tac au tac : “La suite, ça peut être plein de choses, évidemment, suite à ma démarche, ça peut devenir n’importe quoi, et ce n’est pas moi qui vais directement choisir.” En effet, ce que souhaite le créateur, c’est donner le volant à son audience et créer en fonction d’elle.

 

Il n’hésite pas à voir grand, ambitionnant par exemple transformer son compte en média, se pencher sur un vaste travail de vulgarisation, ou encore partager son compte avec d’autres artistes. Une chose est sûre, il a envie de débattre avec sa communauté de manière plus directe afin de construire une pensée collective. 

 

Comment gérer job à temps plein et statut de créateur ? 

(de 28:30 à 32:30)

 

Alexandre est directeur artistique le jour, et auteur la nuit. Comme il l’explique, “J’ai envie de rester indépendant, de cultiver la séparation pour éviter que le marketeux en moi, n’aie envie d’aller plus loin, de monétiser son contenu…”

 

Une question que se posent tous les créateurs ! Mais pour l’instant, Alexandre veut rester indépendant et profite du privilège d’avoir le choix. 

 

Sa seule vraie contrainte, est de gérer le temps alloué à son compte Instagram et à ses créations pour tester d’autres formats : épisode animé, utilisation de la couleur, doubler avec du son… 

 

Les liens de l’épisode 

Le profil Linkedin d’Alexandre

Le compte Instagram Le Monde Brûle

Le compte Instagram Cosmogenèse

Le profil de Nathan Védèche

Le compte Instagram de Pénélope Bagieu

Le compte Instagram de Boulet 

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