#59 – Créer son média brique par brique : l’histoire de My Happy Job

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Dans ce nouvel épisode de The Storyline, je vous propose de partir à la rencontre de Fabienne Broucaret, fondatrice et rédactrice en chef de My Happy Job, le média dédié à la qualité  de vie au travail. Après une première carrière dans le journalisme, Fabienne a décidé de lancer son propre média, ne se reconnaissant plus dans l’évolution de sa profession. 

 

Dans cet épisode, elle raconte sans filtre ses débuts, les coulisses du lancement d’une publication online, ainsi que les challenges de la création, fidélisation et monétisation d’une audience. On discute aussi du récent rachat de My Happy Job par Moodwork, une solution de bien-être au travail à destination des entreprises. 

 

Le journalisme dans la tourmente des objectifs de performance

 

L’aventure de My Happy Job commence en 2016. Fabienne vient de quitter le monde de la presse après 10 ans de bons et loyaux services. En quête de sens, elle ne souhaite pas pour autant se reconvertir complètement. C’est donc logiquement qu’elle se lance dans la création de son média en ligne. Elle tente sa chance sur le sujet de la Qualité de Vie au Travail (QVT), en l’absence de site grand public dans ce domaine. 

 

Son expérience dans le journalisme traditionnel lui est d’une grande aide par la suite. Mais Fabienne est loin de regretter son ancienne profession, qui a eu beaucoup de mal à prendre le virage numérique. C’est sans nostalgie qu’elle se rappelle des exigences de performance qui rythmaient son métier de journaliste. On abord aussi le sujet de l’infobésité ambiante, qui pousse les rédacteurs à prioriser la quantité plutôt que la qualité en termes de contenu. Le tout, pour faire le maximum de clics…. 

 

Comme d’autres journalistes qui sont passés par le micro de The Storyline, Fabienne a vécu difficilement cette perte de sens. Elle dénonce un décalage de plus en plus flagrant entre les valeurs et la déontologie journalistiques en laquelle elle croit, et la réalité d’une journée de travail passé à faire du volume ou essayer de copier les voisins. 

 

En montant son entreprise, Fabienne perd sa carte de presse et son statut de journaliste. Mais paradoxalement, elle retrouve une certaine liberté face aux indicateurs de performances économique. Et surtout, la créativité qui va avec !

 

Lancer un média authentique en suivant la stratégie des petits pas

 

Avec My Happy Job, Fabienne veut créer un média de fond, avec un contenu de qualité. Le tout, en gardant une ligne édito joyeuse et attractive. Plutôt que de partir à la recherche de sponsors ou d’investisseurs, elle commence donc par miser sur le contenu. Sa stratégie des petits pas consiste à se faire connaître et à fédérer une audience grâce à la qualité de ses articles. 

 

Au fil des mois, les lecteurs sont au rendez-vous et son audience grandit. Fabienne est contactée par des journalistes qui souhaitent devenir pigistes, des experts de la QVT qui se voient chroniqueurs. Mais aussi, par des entreprises qui aimeraient s’associer à MHJ pour créer un contenu intelligent. C’est le fameux alignement des étoiles : Fabienne teste de nouvelles choses et porte de nouveaux projets (de webinaires, podcast, livres et annuaires en ligne) en s’appuyant sur la communauté qu’elle a réussi à fédérer. 

 

Chaque brique permet de faire grandir son média, petit à petit. Une fois testée et maîtrisée, il lui suffit ensuite de l’automatiser ou de la déléguer, lorsque c’est possible. Puis de passer à autre chose… 

 

La preuve que même en tant que solo-entrepreneur, et sans gros investissement initial, on peut réussir avec brio. Ce modèle de réussite individuelle est également bien représenté par les créateurs de contenu. Ils scalent eux aussi leur modèle économique en monétisant intelligemment leurs compétences. 

 

Comment fédérer une audience de manière organique ? 

 

Pour un média qui cherche à se faire connaître, le nerf de la guerre est de réussir à attirer les lecteurs. Et surtout, de fédérer son audience. Plutôt que de monétiser trop rapidement son contenu en devenant un média payant, Fabienne fait le choix de continuer sur un modèle gratuit. Un pari qui s’inscrit toujours dans sa stratégie des petits pas et qui lui permet d’attirer deux audiences complémentaires. 

 

D’un côté,  elle est lue par les RH, responsables QVT, managers et dirigeants d’entreprises. Des executives, intéressés par la thématiques en rapport avec leur poste. De l’autre, My Happy Job accroche également les salariés, qui cherchent des conseils pour concilier vie perso et pro, ou encore retrouver du sens au travail. En bref, My Happy Job s’inscrit dans une double approche ascendante et descendante. 

 

Mais une fois qu’un nouveau lecteur tombe sur un article (via le référencement ou la newsletter), comment le fidéliser ?

 

Comment fidéliser ses lecteurs ? 

 

Le premier levier de fidélisation de Fabienne est la régularité. Elle publie 3 à 4 contenus par semaine et fixe des rendez-vous réguliers à ses lecteurs. La newsletter est envoyée sans faute tous les mardis matins. Les webinaires et les évènements mensuels permettent eux aussi de créer de la proximité et des opportunités d’échanges. Ces petits rituels font surtout entrer son média dans la vie des gens, et créent une barrière à l’entrée qu’il sera très difficile pour ses concurrents de surmonter. 

 

Au-delà de la fréquence (sauf en été, vacances obligent) et de la variété des formats qu’elle propose, Fabienne se concentre également sur la qualité de son contenu. Les lecteurs ne reviennent pas uniquement parce qu’on leur a fixé un rendez-vous. Ils le font surtout si les informations qu’on leur a partagé ont été utiles. Pour créer une relation de confiance et répondre aux exigences de consommateurs toujours plus éduqués, elle se refuse à partager des coquilles vides aux titres déceptifs. Une stratégie qui paie !

 

Vivre de sa plume : monétisation et funnel de contenu

 

Si elle ne mise pas sur les clics et la transformation de My Happy Job en média “sandwich”, quelle est la stratégie de Fabienne pour monétiser son contenu ?

 

Là encore, elle procède par brique par brique. Attirées par la qualité de son contenu, les entreprises se sont rapprochées de My Happy Job pour créer des partenariats. Le contenu B2B (encarts publicitaires sur le site, organisations de table ronde, co-création de contenu) a été une première source de revenus. Par la suite, le lancement de son annuaire en ligne sur la QVT, un service payant pour les entreprises qui y sont listées, lui a également permis de se rapprocher de son objectif de rentabilité. 

 

En plus de créer un funnel de contenus (qui recommande d’autres contenus pertinents à ses lecteurs), Fabienne a surtout attendu d’avoir une belle audience avant de faire de la pub. Elle ne choisit que des partenaires en phase avec sa ligne éditoriale. Et elle présente le contenu sponsorisé (sur le site ou dans sa newsletter) de la manière la moins intrusive possible. Résultat, elle peut se targuer d’un beau taux de clic, la preuve que les entreprises avec lesquelles elle travaille intéressent ses lecteurs !

 

En diversifiant ses formats (via une collection de livres, par exemple), Fabienne évite aussi de mettre tous ses oeufs dans le même panier. Elle se fixe de nouveaux challenges pour monétiser intelligemment son média, et s’évite ainsi de tomber dans la routine. 

 

Devenir une marque média en choisissant le bon partenaire corporate

 

Pour pérenniser My Happy Job, et en faire une véritable marque média, Fabienne a aussi fait le choix de se rapprocher de l’entreprise Moodwork. Un partenaire avec lequel elle collabore déjà depuis son lancement et qui partage ses valeurs. 

 

Avec le spécialiste du bien-être au travail, Fabienne crée de belles synergies. Elle apporte son média grand public, et Moodwork son pôle d’experts. L’occasion de proposer de nouveaux contenus (comme des enquêtes en entreprise), et de nurturer son audience. 

 

Le tout est de savoir choisir le bon moment. Après 5 ans d’existence, l’offre de rachat de Moodwork faisait sens. Fabienne avait en effet eu le temps de faire grandir son média comme elle le désirait. Autre point très important : avoir une vision commune et une ADN qui matche. C’est à cette condition que le pari sera gagnant pour les deux parties. Mais qu’il le sera aussi et surtout pour l’audience, qui ne se sentira pas trahie. 

 

J’ai adoré cet épisode, si riche en bons conseils qu’il en devient difficile de se concentrer sur les plus impactants. L’approche des petits pas de Fabienne est excellente. Au lieu de vouloir aller trop vite, investir tous les réseaux et créer tous les formats possibles de contenu, concentrez-vous sur une chose à la fois. C’est à ce prix que vous pourrez la maîtriser parfaitement. Une fois la maîtrise atteinte, vous pourrez alors ajouter de nouveaux blocs à votre projet, sans risquer que tout s’effondre.

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